J’en ai passé des heures à arpenter les bords du Léman. Par tous les temps ou, du moins, à toutes les saisons. Au cours de mes balades, j’ai aimé me laisser couler dans la seule contemplation de ses reflets lacustres si parlants.
J’aime la vivacité que le lac affiche au printemps. L’indigo vibrant de ses eaux reflète la vraie nature de son tempérament faussement dormant. Non sans une étonnante nostalgie, il me rappelle alors l’intensité des rivages du Saint-Laurent.
L’été, il se met parfois en colère. Selon les circonstances, il commence par gronder en surface. Puis, il rassemble son écume ombrageuse qu’il propulse avec une effrayante puissance vers les cieux dont il partage alors la sombre humeur jusqu’à se confondre avec eux. Mais il lui arrive aussi d’exprimer son agacement dans d’impertinents éclats mousseux qui tranchent avec la beauté de sa rage émeraude.
En automne, il se part d’un manteau moucheté de paillettes dorées, échappées des vignobles alentour. À mesure que les jours s’éloignent, il prend lui aussi ses distances avec la frénésie trop prenante de ses courtisans. Il se prépare à entrer en hiver.
C’est peut-être à cette période de l’année que je le préfère. Sa sérénité délicieusement glacée n’en souligne que mieux les contours de son authenticité retrouvée. En ce début 2016, je n’ai jamais autant souhaité communiquer avec la même force que le Léman.
Sylvie Chevalier
J’aime la vivacité que le lac affiche au printemps. L’indigo vibrant de ses eaux reflète la vraie nature de son tempérament faussement dormant. Non sans une étonnante nostalgie, il me rappelle alors l’intensité des rivages du Saint-Laurent.
L’été, il se met parfois en colère. Selon les circonstances, il commence par gronder en surface. Puis, il rassemble son écume ombrageuse qu’il propulse avec une effrayante puissance vers les cieux dont il partage alors la sombre humeur jusqu’à se confondre avec eux. Mais il lui arrive aussi d’exprimer son agacement dans d’impertinents éclats mousseux qui tranchent avec la beauté de sa rage émeraude.
En automne, il se part d’un manteau moucheté de paillettes dorées, échappées des vignobles alentour. À mesure que les jours s’éloignent, il prend lui aussi ses distances avec la frénésie trop prenante de ses courtisans. Il se prépare à entrer en hiver.
C’est peut-être à cette période de l’année que je le préfère. Sa sérénité délicieusement glacée n’en souligne que mieux les contours de son authenticité retrouvée. En ce début 2016, je n’ai jamais autant souhaité communiquer avec la même force que le Léman.
Sylvie Chevalier